Qui dit sujet sensible dit conversation délicate…
Aborder les thèmes de la vie avec son enfant peut relever d’un exercice complexe et déboucher sur des questions auxquelles nous ne sommes pas forcément préparés. De fait, esquiver les sujets de nature embarrassante semble alors la solution la plus judicieuse. Du moins, sur du court terme…
Mais alors pourquoi certains sujets sont-ils si fragiles ?
Au fil du temps, chaque personne se forge plus ou moins des barrières pour se protéger d’expériences vécues comme étant désagréables, douloureuses voire traumatisantes. C’est avant tout un mécanisme de défense sensé nous permettre de mieux gérer notre vie au quotidien. Mais cela ne résout pas pour autant les problèmes de fond, les frustrations, les non-dits ou les silences qui s’opposent à la libération de la parole.
D’autres sujets peuvent être gênant pour la simple et bonne raison qu’on ne sait pas comment les aborder. Et les enfants sont certainement ceux qui vont nous confronter le plus à ces explicatifs improvisés, eux pour qui tout est encore à découvrir et à comprendre. Ainsi, des questions impromptues peuvent survenir dans différentes circonstances et à différentes étapes du développement des enfants. Questions qui peuvent alors s’avérer difficile pour les parents, d’autant plus si les deux n’ont pas la même approche sur la problématique soulevée.
Voici une liste non-exhaustive des sujets considérés souvent comme “embarrassants”
- Autour du sexe (dont le classique « Comment on fait les bébés ? »), les menstruations, la masturbation, l’homosexualité, les questions de genre, la pornographie, etc…
- Autour de la vie et de la mort, le décès d’un proche, les maladies, le suicide
- Autour des relations humaines, du divorce, des codes sociaux
- Autour des différences, du handicap, les discriminations
- Autour de la violence humaine
- Autour de l’argent, de la pauvreté
- Autour des croyances, de la religion
- Etc…
Alors, à quel moment est-ce que je commence à en parler?
Certains de ces sujets peuvent déjà être abordés à l’âge préscolaire. L’âge préscolaire est une période du développement où l’enfant observe de plus en plus le monde qui l’entoure. Ainsi, à cet âge, il est courant qu’un enfant pose régulièrement des questions sur ce qu’il a entendu, vu ou vécu. Ses connaissances proviendront bien sur des conversations avec les adultes, mais aussi des interactions avec ses pairs. Les enfants sont entre eux des sources de partage pour expliquer et développer la compréhension de leur environnement. Cette période est un indicateur que l’enfant est disposé à recevoir des informations sur des questions jamais posées auparavant.
Ainsi, faîtes confiance en votre enfant. Il est bien plus malléable que vous ne le pensez pour recevoir des explications sur les choses de la vie, avec un discours adapté à son âge, et ce, même si le sujet peut paraître épineux.
Comment aborder un sujet sensible?
Nous pouvons toujours essayer de nous préparer pour une telle conversation (comme pour annoncer un divorce ou un décès dans la famille), mais bien entendu, il y a des possibilités d’être pris de court par l’enfant. Et cela dans des moments souvent inattendus, comme lors d’un repas familial, dans la file d’attente à la pharmacie ou que sais-je encore !
Si vous avez le temps de vous préparer pour cette conversation, tant mieux ! Vous pouvez réfléchir quel moment sera le plus propice pour initier la conversation et comment vous voulez partager avec votre enfant. Si vous êtes surpris par une question inattendue, alors vous n’avez qu’à prendre une grande respiration et… répondre tout simplement 🙂
Quelques conseils:
- Vous connaissez votre enfant mieux que quiconque. Prenez en considération le contexte de la situation, mais aussi ses capacités à « recevoir » l’information émotionnellement et intellectuellement.
- Évitez de prendre un ton solennel en annonçant que vous allez parler maintenant de choses importantes. Prenez plutôt une position naturelle à un moment opportun et essayez de traiter le sujet le plus simplement et le plus naturellement possible.
- Selon la situation, décidez si la conversation doit avoir lieu en présence de tous les membres de la famille ou individuellement.
- Quel que soit le moment ou vous êtes confrontés à cette situation, qu’elle soit préparée ou inattendue, restez calme, posée. Les enfants et les adolescents perçoivent aussi les émotions qui les entourent. Essayez de fuir la conversation, changer de sujet, peut s’avérer contre-productif. L’enfant peut répéter la question à maintes reprises afin de se faire entendre, voire même la crier, supposant simplement que vous n’avez pas entendu. D’une manière ou d’une autre, il se confrontera avec le sujet tôt ou tard, en cherchant des réponses et il développera ses propres idées pour comprendre le sujet inexpliqué. Reste à savoir quelles seront ses sources et sa perception. Il sera ainsi préférable de lui transmettre une version que vous considérerez comme étant plus adaptée.
- Rappelez-vous qu’une conversation trop préparée peut créer une atmosphère inhabituelle et rigide.
- Ne diabolisez pas le sujet en le rendant intimidant ou oppressant mais ne le sous-estimez pas non plus. Évitez d’idéaliser votre propos.
- Concentrez-vous sur les faits, les causes et les conséquences que la situation implique. Vous pouvez aussi filtrer l’information et mettre l’accent sur ce que vous jugez prioritaire.
- Parlez des questions difficiles en essayant d’apporter un aspect « positif » même si ce n’est pas toujours évident.
Un sujet qui peut sembler difficile, encombrant ou embarrassant pour les adultes peut très bien être pour les enfants assez simple et naturel à conceptualiser. Et vice versa.
- Si votre enfant vous demande d’arrêter ou qu’il montre des signes d’évitement, alors respectez son choix et revenez sur le sujet à un moment plus adapté.
- Évitez de mentir à votre enfant pour éviter le sujet ou pour « le protéger ». Votre enfant finira par s’en rendre compte tôt ou tard et cela peut engendrer un sentiment de défiance vis-à-vis de vous.
- Ne vous limitez pas à un monologue, et encouragez-le à réagir, à dialoguer et à exprimer ce qu’il ressent.
- Soyez attentif vis-à-vis de ses réactions, montrez-lui que vous êtes à l’écoute.
- Si vous ne connaissez pas la réponse à une question ou que vous êtes hésitant, vous pouvez tout simplement l’admettre, en soulignant que vous allez y réfléchir ou vous renseigner avant de revenir au sujet. Être parent ne vous oblige pas à avoir réponse à tout.
Les livres, les contes thérapeutiques et podcasts sont aussi une potentielle source pour transmettre des explications.
- Utiliser des exemples simples à travers l’environnement de votre enfant et de ses connaissances acquises. Les métaphores peuvent faciliter la compréhension.
- Adaptez votre vocabulaire au niveau de votre enfant. Par exemple, utilisez des mots simples, des phrases courtes et limpides pour les plus jeunes.
- Informez votre enfant, mais prenez soin de conserver une distance nécessaire. Un enfant ne devrait pas être impliqué dans des responsabilités d’adultes.
- Les plus jeunes sont encore très égocentriques dans la perception de leur réalité environnante. Il sera alors très important pour lui de savoir que vont devenir ses habitudes dans le cas d’un changement majeur dans sa vie (déménagement, changement d’école, divorce, etc.). Ainsi, devant ces bouleversements, votre enfant peut se sentir insécurisé. Rassurez-le et décrivez-lui comment cela fonctionnera maintenant en lui donnant des repères.
- Vous constaterez peut-être qu’une fois que vous aurez terminé cette conversation, votre enfant reviendra vers vous avec la même question ou une question semblable. Répétez lui calmement ce que vous lui avez déjà expliqué. Un enfant a aussi besoin de répétitions pour comprendre et se sentir sécurisé.
Ayez confiance en vous et en votre enfant.
Et vous? De quel sujet important voulez-vous parler avec votre enfant?
Au plaisir de vous lire dans les commentaires 🙂
Bonne journée,
Ewelina
Je m'appelle Ewelina Sosin et je suis psychologue. A travers mes articles, j'aimerai partager avec vous ma passion pour la psychologie et la créativité, et à quel point elle peut être une source d'inspiration au quotidien.
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