Et si on acceptait de s’ennuyer ?

Ne rien faire. Se laisser aller. Rester passif. Perdre son temps, avoir la flemme…

Selon les sensibilités, voici quelques états que l’on pourrait associer à l’ennui, sentiment que nous allons apprécier aujourd’hui. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’image renvoyée par l’ennui à une interprétation péjorative en règle générale.

Alors, l’ennui, un mal qui nous ronge ?

L’ennui est commun à tous. Il peut se manifester dans des moments de transition, à force de répétition, à travers une perte d’intérêt et de sens dans nos actions… Chacun le vit à sa façon, plus ou moins bien. A priori, personne ne souhaite vraiment s’y égarer. Alors lire un article qui traite du sujet, pfff… Ennuyeux ?

Pourtant, l’ennui a une signification, un impact mais aussi des vertus qui mérite qu’on y accorde un minimum d’attention.

Une perte de temps, vraiment ?

Qui mieux que l’ennui incarne le mieux cette sensation amère de gaspillage, de frustration, voire d’inutilité ?

Nous en avons tous déjà fait l’expérience et, spoiler alerte, l’ennui reviendra encore frapper à la porte, même si nous sommes trop occupé !

Car il est vrai que nos modes de vies modernes nous incitent à suivre des plannings surchargés au point de se sentir constamment pressés par le temps… Dans ces conditions, on dit souvent « ne pas avoir le temps de s’ennuyer ».

Pourtant, tout peut devenir ennuyeux. Même ce que nous aimons vraiment. Notre travail, nos occupations, nos biens matériels, notre entourage… De multiples raisons peuvent conduire à l’ennui. Une chose est sûre, ne pas tenir rigueur de son propre épuisement mental et physique provoquera une chute de notre motivation à agir au quotidien.

Rien de mieux à faire ?

L’ennui, c’est que le sentiment de ne rien faire peut être très mal vécu. D’autant plus lorsque l’on a un mode de vie très actif. Et l’on peut vite se retrouver démuni lorsque l’on rencontre ces situations de vide, avec la culpabilité de ne pas être productif et de perdre son temps inutilement. L’ennui provoque alors inconfort et anxiété. La passivité et le silence peuvent devenir source d’angoisse.

En comblant régulièrement ces moments vacants, nous évitons ainsi la crainte d’être « passif » et de se retrouver confronté à soi-même. Cela nous renvoie en partie au sens étymologique de l’ennui, au conflit intérieur. Exhorter comme jamais par une époque « stimulovore », il n’a jamais été aussi simple de « tuer le temps ». Un exemple classique : n’est-il pas « ennuyeux » de passer de simples moments de transition à patienter sans notre sacro-saint smartphone ? Tout est bon pour s’éviter de penser ! Nous cultivons ainsi l’art de l’esquive quitte à subir toutes sortes d’addictions pour repousser autant que possible la rencontre intérieure. Peine perdue.

Concrètement, c’est quoi l’ennui ?

Aujourd’hui, l’ennui se définit comme une source de lassitude, une perte de plaisir en général. C’est un état émotionnel négatif, consistant en un sentiment de vide profond, généralement causé par l’uniformité, le manque de changement d’environnement et de stimulations. C’est l’indifférence et le désintérêt. Il est parfois traité comme une forme de frustration ou de stress.

Et si…

L’ennui porte conseil

Lorsque l’agitation se dissipe, c’est d’abord une belle occasion pour reposer le corps et l’esprit. Un simple instant calme consacré uniquement à soi. C’est se permettre de penser librement de tout et de rien. Un peu comme une démarche inconsciente pour recharger les batteries et se reconnecter à soi-même. Cela peut devenir aussi un moment pertinent pour prendre du recul et envisager les choses sous un autre angle, sans être sous la pression de l’immédiateté. C’est s’octroyer un espace personnel, se conserver de l’attention et de la bienveillance.

Accordons à ces moments dits « d’ennui » la valeur et les bienfaits qu’ils peuvent nous apporter.

L’ennui comme source de créativité

C’est comme partir d’une feuille blanche et lui donner vie et couleurs. C’est l’occasion idéale de laisser libre cours à nos véritables envies et pourquoi pas à nos rêves. Cet espace personnel où nous pouvons laisser divaguer notre esprit à notre imagination ! Place au rien qui pourra donner lieu à tout : une simple pensée furtive pourrait accoucher d’une réflexion précise, à laquelle nous aurons tout le loisir d’y donner forme, sens et profondeur.

Ainsi, transformons l’ennui en un état de conscience et de créativité.

L’ennui comme apprentissage

En tant que parent, nous nous appliquons à ne pas laisser nos enfants s’ennuyer, en leur soumettant diverses activités et occupations. Pour autant, il y a toujours des moments de « creux » où notre enfant viendra nous dire qu’il s’ennuie sans que nous puissions alors lui proposer quelque chose, souvent par faute de temps. Il se peut alors que cela soit difficile pour lui surtout si il n’a pas l’habitude de se retrouver sans rien de prévu pour l’occuper. Qui plus est, si l’enfant fréquente souvent ses pairs (fratrie, camarades), il aura alors très peu d’occasions d’expérimenter comment jouer seul.

Or, s’ennuyer présente aussi des avantages pour un enfant. Cela contribue à l’essor de ses pensées, à construire son imaginaire, à découvrir de nouveaux centres d’intérêts. Il ne s’agit pas de le laisser simplement sans rien faire ou devant un écran, mais plutôt de l’initier à ces temps moins chargés, en l’accompagnant progressivement vers lui-même. Par exemple, en commençant une activité avec lui puis en s’effaçant petit à petit du jeu, sans oublier de l’encourager dans ce qu’il entreprend. Ce sont là de belles opportunités pour lui de développer sa créativité, de gagner en autonomie et de confiance en soi afin qu’il puisse aussi décider de lui-même comment occuper son temps libre.

Ainsi, L’éveil de nos enfants passe également par l’expérience de l’ennui !

En définitive

L’ennui, c’est aussi l’expérience de la vie, même pour notre enfant. Sans en faire l’apologie, il ne tient qu’à nous de faire évoluer notre perception et de considérer la place utile que l’ennui peut avoir dans nos existences. Parfois vécu comme une contrainte, c’est une possible transition qui tend vers un équilibre, un passage qui peut déboucher sur de nouvelles perspectives. C’est prendre le temps de se réapproprier soi-même. Ainsi, ne culpabilisons pas de ces moments « inutiles » car il se pourrait bien qu’ils soient à l’origine de changements profonds dans notre vie.

Souvenez-vous quand vous étiez enfant ! S’ennuyer, c’est découvrir de nouvelles façons de s’amuser !

Bon ennui,

Ewelina